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L’artisane des tabernacles

D’ailleurs, tout son travail manuel lui rend Jésus-Christ sans cesse présent. L’histoire nous parle encore des reclus ou des recluses qui l’ont précédée dans l’ornementation des autels ou dans l’entretien des objets du culte. Jamais toutefois il n’avait pris une forme aussi appropriée au pays et reliée aussi intimement à l’essence de cette dévotion.

Dans la Nouvelle-France à cette époque, la colonisation avance rapidement et les paroisses nouvelles se fondent dans la pauvreté. Alors s’érigent des églises qui manquent de tout. Répondant à un besoin urgent, Jeanne Le Ber emploie ses talents de fileuse, de brodeuse, de couturière, de dentellière à la confection des linges d’autel et des vêtements sacrés. C’est le Christ, le Sacrificateur suprême, qu’elle habille ainsi de ses doigts. Elle se hâte, il le faut parfois. Son panégyriste le dira en termes éloquents :

« Mademoiselle Le Ber avait un grand soin d’éviter loisiveté et d’occuper tout le temps qui luy restoit par l’ou-