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le terrible quotidien

de voir son père deux fois par année. Elle le recevra ainsi jusqu’à son décès en 1706. Il gérait sa fortune et c’est avec lui, sans doute, qu’elle prépara les divers contrats par lesquels elle se dépouillait de ses richesses. À sa mort, durant sa maladie, comme durant celle de sa mère, de ses frères, de ses cousins, elle demeura dans son reclusoir. Par sa grille, elle assista toutefois à la dernière cérémonie quand on vint enterrer le corps de Jacques Le Ber, dans le sous-sol de la chapelle, là où elle reposerait elle-même, car une recluse avait son tombeau dans la terre même qui avait porté son reclusoir. L’amour de Jacques Le Ber pour sa fille est devenu légende au pays et c’est sans doute elle qui orienta cet homme d’affaires dans la voie d’une large perfection chrétienne. Cette Jeanne qui avait détruit ses rêves humains pour sa famille. Il avait marqué sa volonté dans un testament du 25 juin 1701.

Il était alors apparu au notaire « dans une Chambre, ou il Couche, sur le derrière de sa maison qui a vue sur son jardin ». Spectacle plein de mélancolie. Le vieillard déclare qu’il « Désire et ordonne que son Corps soit inhumé en la Chapelle que Demoiselle Jeanne Le Ber, sa fille », habite, et a aidé à construire ; ou, si c’est impossible, dans l’église paroissiale… Il lègue à la Congrégation six mille livres, monnaie de France, qui appartiennent en réalité à Jeanne et qui lui viennent de l’héritage de sa mère. Cette donation est faite pour la « fondation d’une messe basse de requiem qui sera dite à Perpétuité par chaque semaine » dans la chapelle, « pour le repos de l’âme de Jacques Le Ber et de Jeanne Le Moyne, et de leurs enfants ». Les religieuses emploieront le reliquat de la façon que leur indiquera Jeanne. Il leur laisse