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Deux lignées

Durant une paix précaire, de 1653 à 1660, la conjoncture paraît propice. Entre plusieurs autres, deux lignées font leur option, quittent l’Europe pour l’Amérique. Elles s’enracinent en Nouvelle-France, dans une île stratégique, au confluent du Saint-Laurent et d’une immense rivière, l’Outaouais, dans le voisinage d’un fortin palissadé.

Elles étaient originaires de deux villes ouvertes sur l’Atlantique aux rumeurs d’un continent dont on n’a exploré que la bordure. Natif de Dieppe, Charles Le Moyne apparaîtra le premier, à l’automne 1647, dans les registres officiels, peut-être même en 1646. Il est déjà interprète des langues aux sauvages. C’est dire qu’il habite la colonie depuis deux ou trois ans, qu’il a erré dans la forêt avec les tribus indiennes, seul moyen d’apprendre alors le huron et l’algonquin. On croit que les parents de sa mère, Judith Duchesne, ont orienté le jeune homme vers le Canada : un David Duchesne s’est inscrit parmi les Cent-Associés ; un Adrien Duchesne, chirurgien, habita