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de plus utile à la République, et après que notre jugement a pris son parti sur une question, d’avoir le courage de dire notre sentiment, à la tribune, au risque de nous faire une foule d’ennemis. Il est écrit : Que celui qui résiste à l’église, soit pour vous comme un payen et un publicain. Mais le sans-culotte Jesus n’a point dit, dans son livre : Que celui qui se trompe, soit pour vous, comme un payen et un publicain. Je crois que l’anathême ne peut commencer de même pour le député, non lorsqu’il se trompe, mais lorsque son opinion ayant été condamnée par la Convention et le Concile, il ne laisseroit pas d’y persister, et se feroit un hérésiarque. Ainsi, par exemple, dans mon numéro 4, quoique la note, et la parenthèse ouverte aussitôt, montre que c’est un comité de justice que je voulois dire, lorsque j’ai dit un comité de clémence ; puisque ce mot nouveau a fait le scandale des patriotes ; puisque, Jacobins, Cordeliers et toute la montagne l’ont censuré, et que mes amis Fréron et A. Ricord fils, n’ont pu s’empêcher eux-mêmes de m’écrire de Marseille, que j’avois péché ; je deviendrois coupable, si je ne me hâtois de supprimer moi-même mon comité, et d’en dire ma coulpe, ce que je fais avec une contrition parfaite.

D’ailleurs, Fréron et Ricord parlent bien à leur aise. On sent que la clémence seroit hors de saison au port de la montagne, et dans tel pays d’où j’entendois dénoncer, l’autre jour, au comité de sûreté générale, que la nouvelle de la prise de Toulon y avoit été reçue comme une calamité, et que, huit jours avant, la plupart avoient déjà mis bas la cocarde. Certes, si là j’avois été envoyé commissaire de la Convention, et moi aussi j’au-