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de ceux qui niaient également et l’existence et l’image de cet oiseau ? Est-ce la faute des Égyptiens, si des voyageurs grecs et romains, si des Pères de l’Église ont pris à la lettre cette fiction qu’ils n’entendaient pas, et ont sérieusement recherché si un oiseau pouvait vivre tant de siècles et renaître de ses cendres ? Ingénieuse allégorie, dont le sort a été jusqu’ici bien étrange, puisque la plupart n’y ont vu qu’une extravagances digne de pitié, et d’autres un argument solide en faveur des mystères de la religion[1].

Il me semble que le phénix allant de l’Inde en Égypte pour y mourir et recommencer une nouvelle vie, exprime, en langage métaphorique, le retour de l’année fixe, qui était la seule en usage chez les Indiens, et qui, pour ainsi parler, revenait tous les quatorze cent soixante ans, concilier en Égypte le calcul du temps avec la marche du Soleil : la vie, le voyage, la mort, la résurrection, le départ de cet oiseau, symbole du soleil[2], tout s’accorde avec cette idée : ce nid fait d’encens et de myrrhe désigne l’orient ; enfin son entrée à Heliopolis rappelle le fameux collége qui s’y occupait d’astronomie, et qui, de temps immémorial, observait la vrai longueur de l’année solaire.

Concluons que le phénix, symbole de la période so-

  1. Les Pères n’ont pas fait difficulté de citer le phénix comme une preuve de la résurrection et de l’incarnation
  2. Voyez Horapollon, trente-quatrième hiéroglyphe. Ce même auteur, dans le cinquante-unième hiéroglyphe, s’exprime ainsi : « Dès que les ailes du nouveau phénix sont formées, il vole avec son père vers Héliopolis d’Égypte, où, sitôt à leur arrivée, le père meurt au lever du soleil : après sa mort, les prêtres d’Égypte l’enterrent, et le nouveau phénix retourne au lieu où il est né. »