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DES ANTIQUITÉS D’EDFOU.

cet oiseau, et je ne sache pas que personne l’ait encore remarquée dans aucun monument[1]. Si la figure que je cite est bien celle du phénix, et que celui ci soit en effet le symbole de la période gothique, ma conjecture sur l’âge du temple sera presque changée en certitude.

En premier lieu, Hérodote affirme avoir vu le phénix peint sur les monumens, ayant la figure et la grandeur de l’aigle ; il ajoute qu’il ne l’a jamais vu qu’en peinture. Il est donc certain que cette figure existe parmi les peintures égyptiennes. Cet oiseau, dit-on, parvenu à la fin de sa vie, formait un nid d’encens et de myrrhe, quittait l’Inde sa patrie, et venait mourir dans le sanctuaire du temple d’Heliopolis, où il renaissait de ses propres cendres au bout de quelques jours[2]. Bien que le dessin recueilli à Edfoû soit imparfait[3], on y reconnaît l’oiseau naissant, encore informe, et sortant de son bûcher. Les mots de Pline, inde fieri pullum, s’y appliquent fort bien. Dans un monument égyptien qui est incontestablement astronomique, j’ai vu une autre image du phénix déjà reformé, ayant le bec et la figure de l’aigle bien caractérisés. Cet exemple curieux sera traité à part ; mais je vais tout-à-l’heure en montrer d’autres qui sont frappans.

En second lieu, Solin ne laisse pas douter que cet

  1. Voyez pl. 60, fig. 22, au bas d’une légende hiéroglyphique.
  2. Consultez Hérodote, liv. ii, chap. 73 ; Pline, liv x, chap. 2 ; Horapollon, S. Épiphane, etc.
  3. Je n’aurais pas donné comme exemple cette figure seule, qui a été dessinée incorrectement, mais d’une manière très-naïve : c’est parce qu’elle m’a conduit à examiner les autres figures dont je parlerai plus bas, et qu’elle m’a offert dans mes recherches la première image du phénix, que j’ai cru pouvoir la citer ici.