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DES ANTIQUITÉS D’EDFOU.

Diodore et Plutarque. Apollon s’appelait Horus en langue égyptienne, et les Grecs traduisaient Horus par Apollon. Celui-ci avait tué le serpent Python ; celui-là était le vainqueur de Typhon. Lorsque, arrivé au plus haut de sa course, le soleil répand le plus de chaleur et de lumière, et manifeste sa puissance en faisant sortir le fleuve de son lit[1], alors toutes les influences malfaisantes sont détruites, et Typhon, emblème de la contagion et de la stérilité, est anéanti ; l’Égypte renaît, les campagnes sont inondées par des eaux salutaires et productrices, et tous ces bienfaits sont l’ouvrage d’Horus, ou du soleil au solstice d’été[2].

En étudiant avec soin les sculptures du temple d’Edfoû, on y découvrirait beaucoup d’emblèmes appartenant à cette mythologie naturelle ; mais une pareille étude entraînerait trop loin, et elle conviendra mieux à un ouvrage plus général. Je me bornerai à l’examen des figures principales de la grande frise déjà citée<ref>Voyez pl. 58, fig. 2}}. J’ai dit que le sujet qui domine dans cette frise est un escalier de quatorze marches : il faut remarquer à son extrémité une colonne de lotus qui en a toute la hauteur ; au-dessus pose un croissant, et le tout est couronné par un œil ;

  1. L’extrême chaleur de l’Égypte et de l’Éthiopie, pendant les derniers mois du printemps, a pour effet de raréfier l’atmosphère à un haut degré. Alors l’air plus dense des régions septentrionales doit y affluer, ainsi que les nuages qui, à cette époque même, couvrent le nord de l’Europe et les contrées polaires : de là, vers le solstice d’été, ce changement de température en Égypte, et les pluies de l’Abyssinie qui font croître le Nil.
  2. Selon Macrobe (Saturn. l i, c. 18), les Grecs donnaient au soleil le nom d’Apollon quand il était dans l’hémisphère supérieur.