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DES ANTIQUITÉS D’EDFOU.

tous. Rien ne me semble plus absurde, quoi qu’on ait dit à ce sujet, que de voir uniquement dans cette religion le culte le plus grossier rendu aux animaux, et d’imaginer qu’ici un crocodile était l’objet de l’adoration, là un chacal, plus loin un singe, et ainsi de province en province. À qui persuadera-t-on que le magnifique temple que je viens de décrire ait été élevé en l’honneur d’une brute, sans autre objet que d’y brûler perpétuellement de l’encens devant elle, et de faire tomber une province entière à ses pieds ? Quoi ! les mêmes hommes qui avaient perfectionné la civilisation à un si haut degré, qui avaient des notions étendues sur le système cosmique, et qui cultivaient toutes les sciences naturelles, auraient été livrés à une aussi vile superstition, que désavouerait la plus profonde ignorance[1] ?

Sans chercher ici à lever le voile qui enveloppe ces antiques mystères, et pour revenir à mon sujet, je me bornerai à dire que le temple d’Edfoû, comme tous les grands temples d’Égypte, me semble un véritable Panthéon, où étaient honorés tous les dieux du pays, c’est-à-dire tous les attributs qui caractérisent les deux grandes divinités : Osiris, emblème à-la-fois du feu, de l’air et de l’eau, image de l’astre du jour et du Nil régénérateur ; Isis, symbole de la terre féconde et image de l’astre des nuits, sœur d’Apollon chez les Grecs, et, chez les Égyptiens, femme et sœur d’Osiris.

Je m’abstiens d’examiner ici le passage de Strabon

  1. Voyez le premier livre de Diodore de Sicile, et le Discours sur l’histoire universelle, par Bossuet.