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DES ANTIQUITÉS D’EDFOU.

gion, parce que l’une et l’autre étaient nées ensemble, et que celle-ci ne devait souffrir nulle atteinte ; mais, dans la sculpture proprement dite ou de ronde-bosse (et Thèbes en offre maintes preuves), les mêmes Égyptiens ont fait voir une assez grande habileté : c’est leur statuaire qui doit expliquer et justifier leurs bas-reliefs[1] ; distinction importante qui mérite d’être faite, et qui jusqu’ici ne l’a pas encore été.

Quant aux physionomies de ces figures, elles ont toutes quelque chose de doux et de gracieux, dont les figures d’Isis au portique d’Edfoû[2] peuvent donner une idée. Pour peu qu’on examine le caractère de tête soit dans les figures d’hommes, soit dans les figures de femmes, on reconnaîtra combien il s’éloigne, surtout par les traits du nez et de la bouche, du profil nègre, qu’on a si mal-à-propos attribué aux anciens Égyptiens[3].

  1. Voy. l’Essai sur l’art en Égypte, cité plus haut. Le défaut de perspective dans les bas-reliefs, et l’incorrection des antiques répandues dans les cabinets d’Europe, ont généralement fait accuser les Égyptiens de barbarie dans l’exécution de la figure ; mais on est, à cet égard, dans une opinion mal fondée : c’est comme si l’on jugeait nos arts d’après les ouvrages de nos plus grossiers artisans. Le fragment d’Elethyia, représenté pl. 69, ne peut donner qu’une faible idée de ce que les Égyptiens ont fait en statues de ronde-bosse, soit de granit, soit d’albâtre, soit de brèche, soit de porphyre. Il existe à la Bibliothèque royale un torse trouvé près des ruines de l’ancienne Sebennytus, et digne d’être cité pour le choix des formes autant que pour le travail : nous avons aussi rapporté d’Abydus un fragment très-précieux, dont les formes sont pures et les muscles extérieurs soigneusement exprimés. Voyez ce que dit Macrobe des connaissances anatomiques des Égyptiens (Saturn. lib. VII, c. 13). On trouve dans Aulu-Gelle ces paroles : Quòd insectis apertisque humanis corporibus, ut mos in Ægypto fuit, quas Græci ἀνατομὰς appellant... (Noct. Attic. l. X, c. 10 ). Selon Manéthon, un roi d’Egypte avait composé un livre sur l’anatomie.
  2. Voyez pl. 57, fig. 6.
  3. Consultez principalement les pl. 6, fig. 2 ; 80, fig. 6 ; 82, fig. 1, et, parmi les bas-reliefs de Karnak, la pl. 67, A., vol. III.