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CH. V, DESCRIPTION

Le galbe général des trente-deux chapiteaux du péristyle et des trente chapiteaux des deux portiques est le même, ainsi que je l’ai dit, c’est-à-dire en gorge ou en cloche renversée, forme imitée du calice du lotus ou nénuphar. Il n’y a d’exception que pour le chapiteau dactyliforme ou à feuilles de dattier, et pour celui qui est le second du péristyle.

Ce dernier a déjà sans doute été remarqué à Philæ, à cause de sa figure en ovale tronqué, tout-à-fait différente du galbe ordinaire. Ou n’en a pas jusqu’ici reconnu l’origine ; mais il est aisé de voir qu’il est, comme les autres, puisé dans la nature : c’est l’image du ciborium, ou fruit du lotus, décrit par Hérodote, Athénée et Théophraste. Il est impossible d’en douter, quand on voit qu’Athénée compare le ciborium aux rayons de miel des abeilles[1].

Ce qui prouve encore parfaitement que ce chapiteau en forme de coupe est bien l’imitation de la capsule du lotus, c’est qu’on le voit recouvert tantôt de folioles étroites et aiguës[2], tantôt de folioles ovoïdes et inégale[3] : or, ces deux caractères appartiennent exactement aux fruits du nymphæa lotus et du nymphæa cœrulea[4]. Au reste, cette dernière plante est celle que les Égyptiens ont le plus souvent représentée, comme on s’en assure

  1. Athen. Deipnos. l. III, cap. II. Il faut κηρίοις et non κρίνοις, comme l’a fait voir Schweighaeuser.
  2. Voyez pl. 21, fig. 2.
  3. Voyez ibid. fig. 8, et pl. 54.
  4. Voyez le Mémoire de M. Savigny sur le nymphæa cœrulea (Décade égyptienne. t. I, p. 73), et les Observations sur les lotus d’Égypte par M. Delile (Annales du Muséum d’histoire naturelle).