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DES ANTIQUITÉS D’EDFOÛ.

teurs ont rendu πυλὼν par atrium, faute de connaître les lieux dont ils parlaient.

Ce mot, fort peu commun chez les auteurs, a été choisi par l’historien pour peindre une construction absolument étrangère aux Grecs : il n’eût pas trouvé dans sa langue de mot propre à exprimer ces portes colossales, et il a choisi, au lieu de πύλη, celui de πυλὼν, qui en est formé, et qui est un augmentatif ; c’est à peu près comme nous avons fait du pot porte le mot de portail, pour désigner la grande entrée d'une église.

On trouve dans Aristote le même mot de πυλὼν, et il y est employé au même objet ; car c’est en parlant des palais de Persépolis : or, ces monumens de la Perse étaient, comme ceux d’Égypte, précédés par des portes gigantesques[1]. Ces deux pays sont les seuls où l’on en trouve de pareilles, et la Perse est aussi le seul qui offre dans ses monumens quelque analogie avec ceux des bords du Nil[2].

Si l'on doutait de la justesse de l’application que je viens de faire du mot πυλὼν, il suffirait d’examiner les mesures que donne Diodore. En effet, la façade de l’édifice a soixante-quatre mètres environ de longueur, ce qui fait, en nombre rond, deux plèthres ; et la hauteur répond à quarante-cinq coudées[3]. Quant au péristyle, on le trouve, sur deux côtés, composé de colonnes, et

  1. Voyez les Voyages de Tavernier, le Bruyn, Niebuhr, etc.
  2. On ne veut pas ici comparer les systèmes d’architecture de ces deux peuples, car leur ressemblance est à peu près comme celle d’une caricature avec un tableau, du moins autant qu’on peut en juger par les gravures que nous possédons des antiquités de Tchelminar.
  3. Voyez le Mém. sur le système métrique, etc.