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CH. V, DESCRIPTION

en permettant à tous les spectateurs de l’embrasser d’un coup d’œil ?

Avant de quitter cette cour et d’entrer dans le temple, jetons un dernier regard sur la porte qui la précède. Cette porte était garnie de deux battants ; on voir encore les entailles des gonds qui devaient les soutenir. Qu’on imagine deux portes battantes qui n’avaient pas moins de seize mètres de haut chacune[1], sur près de trois mètres et demi de largeur[2]. Pourquoi faut-il qu’il ne reste aucune parcelle de ces portes colossales ? Étaient-elles de métal ou de bois ? c’est ce qu’on ignore. Les deux renfoncement pratiqués au milieu de l’épaisseur de la construction servaient à les recevoir ; car la longueur de ces renfoncement est parfaitement égale à la moitié de leur distance, à l’épaisseur près nécessaire aux tourillons[3]. Dans d’autres portes, il n’y avait qu’un seul battant ; et dans ce dernier cas, j’ai fait l’observation analogue, c’est-à-dire que la longueur des deux renfoncemens est précisément égale à leur distance. Tel est le soin qu’offrent partout les constructions égyptiennes.

Cette porte a de haut trois fois sa largeur. Avec une largeur moindre, une pareille proportion serait beaucoup trop grêle et insupportable à la vue, et l’on serait moins tenté ici de reprocher aux Égyptiens le manque d’élégance que le défaut contraire ; mais les règles communes ne sont pas applicables à de très-grandes dimensions ; ce n’est plus alors ces règles qu’il faut consulter, c’est la perspective. Les Égyptiens savaient que l’œil ne

  1. Cinquante pieds environ.
  2. Dix pieds et demi.
  3. Voyez pl. 50, fig. 1, au point ii.