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CH. V, DESCRIPTION

ment inclinée, parfaitement plane et droite, et la sommité fléchit sous le poids. Il fallait d’aussi grands chapiteaux que ceux d’Edfoû pour donner une idée de tous ces détails. Mais voyez comme l’artiste a su habilement copier son modèle[1]. Cette courbure du sommet de la branche, on la retrouve ici dans le haut du chapiteau ; c’est elle qui lui donne ce contour si gracieux, que la perspective embellissait encore en le développant davantage, comme le savaient très-bien les architectes d’Égypte. La feuille du dattier est naturellement plus large vers le haut que dans la partie inférieure ; c’est encore ce que retrace la copie, et ce qui a donné l’idée et le moyen de joindre ensemble toutes les feuilles en forme de corbeille. Enfin, le nombre de rameaux, les régimes de dattes, et jusqu’aux écailles de la tige[2], tout a été l’objet de l’imitation, mais de l’imitation conduite par le goût et l’intelligence. On sent trop bien la beauté de ces chapiteaux pour que je m’arrête à les décrire plus long-temps.

J’ai dit que le monument était peu dégradé : en effet, on ne peut citer que les murs d’entre-colonnement du portique et le couronnement des deux massifs de la façade extérieure qui soient altérés d’une manière notable ; et, ce qui est rare, la sculpture elle-même a aussi peu souffert que l’architecture[3]. Ces masses si étendues en superficie, et qui ont près de trente-trois mètres de haut-

  1. Consultez aussi les planches 75, fig. 5, et 89, fig. 5.
  2. Restes des branches que l’on coupe chaque année.
  3. Dans la pl. 49, qui est d’ailleurs fidèle pour l’aspect général et pour la vérité pittoresque, le graveur a indiqué trop de parties ruinées ou dégradées.