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mesure et dessine toutes les parties d’une circonférence de six mètres et demi[1] d'étendue.

L’effet de ce portique ainsi enfoui est aussi difficile à décrie qu’il est frappant pour celui qui le voit, parce qu’au plaisir de cet aspect se joint une vive curiosité de connaître ce qui est dérobé à l’oeil, sans l’espoir de la satisfaire : une des planches de l’atlas fera mieux juger que le discours, de l’état du portique et de l’impression qu’il produit[2]. Que peut-on imaginer de plus magnifique et de plus simple à-la-fois, de plus riche et de moins chargé, que cette belle ordonnance d’architraves, de dés et de chapiteaux, si bien assortis pour les proportions, sculptés avec tant de finesse, décorés d’ornemens si légers et si bien entendus, et dont toutes les lignes enfin se balancent avec tant d’harmonie ? Ces chapiteaux gigantesques semblent tirer plus de valeur encore de l’amas de poussière d’où ils sortent : le spectateur qui les eût aperçus du sol, c’est-à-dire de trente pieds plus bas, n’eût pas joui de leurs détails et de leur grande proportion, comme ici sur ce monceau de décombres qui élève l’oeil jusqu’à leur niveau. C’est là, plus qu’ailleurs, qu’on admire à loisir cette tête de palmier, qui, dans la nature, est si magnifique, et que l’art égyptien a si heureusement transportée dans l’architecture, pour en faire un chapiteau vraiment national. On sait que les belles feuilles qui composent la touffe du dattier ont quelquefois vingt à vingt-cinq pieds de haut[3] ; la partie basse est légère-

  1. Vingt pieds.
  2. Voyez pl. 55.
  3. J’en ai mesuré une dans la province de Qelyoub qui avait près de trente pieds.