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CH. V, DESCRIPTION

son esprit, et de si grands travaux paraissent à son imagination l’ouvrage d’un pouvoir surnaturel : il ne saurait se persuader que les aïeux de ces pauvres gens aient su élever cette façade plus haute d’un tiers que notre Louvre, ces majestueuses colonnades, ce portique, cette enceinte ; qu’ils aient sculpté cette merveilleuse profusion d’ornemens qui frappent la vue de toutes parts ; enfin, qu’il se soit trouvé parmi eux un esprit capable de concevoir un plan d’un ensemble aussi parfait[1], et des hommes assez puissans, assez constans, pour l’exécuter. Cependant les indigènes occupent encore le même sol, le climat n’a point changé, le Nil inonde encore le territoire, enfin une nature abondante y prodigue toujours ses bienfaits ; mais l’Égypte a perdu ses lois, et les Égyptiens n’ont plus de patrie.

Le spectateur, déjà familiarisé avec les beautés supérieures de l’architecture égyptienne, trouve encore à Edfoû de quoi exciter en lui une attention nouvelle. C’est là, plus qu’ailleurs, qu’il se fait une idée de l’harmonie et de la régularité des plans ; car ce monument, un des plus grands de ceux de la Thébaïde, est encore le plus complet et le mieux conservé de tous : on saisit donc avec empressement cette occasion d’étudier l’art de la disposition, art dans lequel les architectes de l’antiquité semblent n’avoir rien laissé à désirer ; enfin, on parcourt avec une vive curiosité toutes les parties de cet édifice, et, par la connaissance de ses détails si bien coordonnés entre eux, on acquiert de l’ensemble une idée générale et complète.

  1. Voyez pl. 50.