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DES ANTIQUITÉS D'EDFOU.

distance de l’un à l’autre est peu considérable : ils se trouvent tous deux au nord-ouest du village, au pied d’une chaîne de monticules formés par les ruines de l’ancienne ville et recouverts de sables. Ces hauteurs sont parsemées, comme partout ailleurs, de poteries brisées, de briques pilées, et de toutes sortes de débris. L’étendue qu’elles occupent n’a pas été mesurée ; mais elle paraît fort grande, quand on jette la vue au couchant. On trouve aussi sur la rive du Nil des vestiges qui annoncent l’ancien état de la ville : ce sont les restes d’un quai en pierre et d’escaliers qui conduisaient au fleuve.

Le grand temple domine au loin le village et tout le pays : c’est pour cela que les habitans l’appellent Qala’h, c’est-à-dire la citadelle. Des ruines d’Elethyia, qui se trouvent à plus de deux lieues, j’ai aperçu ce temple s’élevant ainsi au-dessus d’Edfoû. Mais ce qui est digne de remarque, c’est qu’une grande partie du village est bâtie sur la terrasse même du monument : cette observation, que l’on a également faite à Philæ, à Denderah, ainsi qu’en d’autres lieux, est plus frappante à Edfoû qu’ailleurs, à cause de la grande élévation de l’édifice. De loin et au premier abord, il est impossible de se figurer que les constructions modernes, bâties au pied et sur le toit du temple, soient de véritables habitations[1] : mais, quand le voyageur est assez près pour s’en convaincre, quand il voit les misérables fellâh qui les habitent, aller et venir d’une masure à l’autre, et qu’il aperçoit les ruelles tracées sur la plate-forme[2], il ne sait plus que penser d’un tel contraste ; l’illusion s’empare de

  1. Voyez pl. 48.
  2. Voyez pl. 49.