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CH. V, DESCRIPTION

avait opposé de barrières à la curiosité des étrangers, et tant les mœurs nationales avaient conservé d’empire, lors même que les institutions n’étaient plus.

L’état où est tombée l’Égypte sous le Bas-Empire et sous les Arabes, a enfin permis de l’explorer toute entière. Depuis la renaissance des lettres, l’Europe savante y a fait passer une foule de voyageurs mais une autre religion, d’autres mœurs non moins intolérantes que les anciennes, avaient toujours mis obstacle aux découvertes, jusqu’à ce qu’un peuple aussi puissant que les Romains envoyât sur les rives du Nil une armée d’élite, accompagnée d’observateurs qui ont porté leurs pas jusque dans les parties les plus secrètes et les plus reculées du pays. Alors la Thébaïde a offert à leurs regards des merveilles presque inconnues ; les conjectures des savans et des écrivains les plus illustres ont été confirmées, leurs espérances justifiées, et leurs vœux accomplis[1]. Peut-être les monumens d’Edfoû sont-ils une des conquêtes les plus précieuses de cette expédition littéraire.

Le village d’Edfoû renferme deux anciens édifices d’une proportion bien différente, mais tous deux si bien conservés, qu’on en donnerait une idée fausse en leur appliquant le nom de ruines ; car il suffirait d’en ôter les décombres qui les embarrassent, pour voir paraître des monumens presque intacts[2].

Ces deux temples sont à peu près à angle droit ; la

  1. Voy. Bossuet, Discours sur l’histoire universelle ; Rollin, Histoire ancienne ; d’Anville et la Nauze, Mémoires de l’Académie des inscriptions, tom. XLIII, in-12.
  2. J’appellerai celui du nord le grand temple, et l’autre le petit temple.