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CH. iv, DESCRIPTION D’OMBOS

loin de connaître toutes les carrières de la Thébaïde ; cependant les aperçus sur la quantité des exploitations portent à croire qu’il a existé jadis un nom de monumens bien supérieur à celui dont on retrouve aujourd’hui les ruines.

Il n’est pas difficile de deviner comment ont disparu les monumens construits en pierre calcaire, puisque partout on voit des fours à chaux sur leurs ruines, et que depuis nombre de siècles ces monumens sont exploités comme autant de carrières : mais le grès n’a pu être employé aux mêmes usages ; les habitans actuels de l’Égypte n’en tirent aucun parti ; ils ne dégradent point les édifices qui en sont formés ; et quand on songe, outre cela, que les mêmes blocs ont été employés successivement dans divers monumens, on a lieu de s’étonner que la quantité de matériaux extraits des carrières l’emporte autant sur la quantité de ceux dont on voit aujourd’hui l’emploi.

Faut-il attribuer cette différence à l’immense antiquité de l’usage de construire en grès ? C’est là une de ses causes sans doute : mais je crois qu’il y en a d’autres encore peu connues aujourd’hui ; et de ce nombre je mettrai la coutume où étaient les Grecs et les Romains de tirer de l’Éthiopie (c’est-à-dire de la haute Thébaïde) le sable qu’employaient les scieurs de pierre, et celui avec lequel les sculpteurs polissaient leurs ouvrages. Suivant Pline, il en partait du port d’Alexandrie des vaisseaux entièrement chargés. Ce sable devait être un detritus de grès. Les temples, les palais de la Thébaïde, construits d’une pierre facile à se désagréger,