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CH. iv, DESCRIPTION D’OMBOS

de la Grèce et de l’Italie[1]. La vérité est que, dans ces carrières comme dans les édifices de la haute Thébaïde, il n’existe ni porphyres, ni basaltes, ni marbres, ni pierres calcaires d’aucune espèce[2] : on ne trouve, dans toutes cette étendue, sur les deux rives du Nil, que des couches de grès à grains quartzeux, liés par un gluten ordinairement calcaire ; et c’est de cette pierre que sont construits, presque sans exception, tous les monumens encore existans depuis Syène jusqu’à Denderah[3].

Si l’on voulait donner en peu de mots, de ces grès, une idée que tout le monde pût saisir, on pourrait les

  1. La constitution physique de cette partie de la Thébaïde était si peu connue encore avant l’expédition, que les relations les plus récentes et d’ailleurs les plus exactes font remonter le terrain calcaire jusqu’à Syène.
  2. Il faut cependant excepter un petit édifice presque entièrement détruit, sur la rive gauche du Nil à Thèbes : il avait été construit avec la pierre calcaire des montagnes voisines. Les habitans des villages environnans ont établi des fours à chaux, qu’ils alimentent avec les matériaux de ce monument ; ce qui leur épargne le trajet d'une demi-lieue qu’il faudrait faire pour se rendre jusqu’à la montagne.
  3. J’ai fixé à une lieue au nord de Syène les carrières les plus méridionales, c’est-à-dire les premières que l’on rencontre sans sortir de la vallée ; mais, pour peu que l’on s’enfonce dans la montagne, on ne tarde pas à découvrir des traces d’exploitation plus au sud, dans tous les endroits où le grès succède au granit. Les carrières les plus septentrionales, observées sur la rive droite du fleuve, sont situées à cinq lieues au sud d’Esné, à l’embouchure d’une petite vallée où l’on exploite du natroun ; les montagnes qui les renferment alternent avec les montagnes calcaires. Il est probable qu’un peu plus au nord on en découvrirait d’autres en s’enfonçant dans l’intérieur du désert, et l’on voit sur le bord du fleuve un grand nombre de blocs taillés et tout prêts à être embarqués : ceci fait conjecturer que ces carrières sont des moins anciennes qu’aient exploitées les Égyptiens. Ces matériaux étaient destinés, sans doute, à l’un de ces monumens dont la construction a été interrompue par la évolution qu’a produite en Égypte la conquête des Perses. Il paraît difficile d’expliquer autrement pourquoi des pierres toutes taillées et prêtes à être employées avaient été abandonnées sur ce rivage.