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CH. III, DESCRIPTION

de la lune, qui se manifeste dans cette conjonction pour produire l’effusion des eaux[1]. »

Il n’est pas facile de reconnaître à quelle époque de l’année agricole ou astronomique il faut rapporter ce passage. On ne doit pas croire qu’il y soit question de la crue du Nil ; car le solstice d’été, où se fait cet accroissement, ne répondra au signe du belier que dans quarante siècles. Au premier abord, on penserait qu’Eusèbe ne parle peut-être pas des eaux du Nil, mais en général de l’humidité qui caractérise l’époque du printemps, pour un climat différent de l’Égypte. À l’époque où il écrivait, l’équinoxe du printemps avait déjà quitté, depuis six siècles et demi, la constellation du belier ; mais cet écrivain ne se piquait pas de connaissances astronomiques, et les Grecs ont commis bien des fois de pareilles méprises.

Cette explication est celle qui se présente la première, parce que la période de temps pendant laquelle le belier est resté équinoxial, est celle qui a été le plus connue des Grecs ; mais il faut avouer qu’elle ne satisfait pas à l’ancienneté bien constatée du culte de Jupiter Ammon, soit à Thèbes, soit dans l’Oasis de ce nom. Le monument d’Hermonthis, où le taureau est équinoxial, bien qu’assez ancien, n’est certainement pas antérieur à cette dernière époque ; et l’on sait d’ailleurs que la sphère d’Eudoxe, où le colure du printemps coupe le belier par le milieu, est la plus récente de toutes celles qui appartiennent à l’Égypte. Rien n’est mieux établi que la grande antiquité de l’oracle d’Ammon, qui avait été

  1. Voyez pag. 204, note 2.