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DE L’ÎLE D’ÉLÉPHANTINE.

difficulté chez les modernes, qui ont tant perfectionné les arts mécaniques. Cet ouvrage est sans doute le reste d’une digue plus étendue que l’on avait opposée au courant, soit pour défendre l’île contre l’irruption du fleuve, soit pour y fixer et hâter les attérissemens : il n’est pas probable que les Égyptiens eussent bâti cette digue à une trop grande distance de l’île, et l’on peut induire de ce fait que l’île d’Éléphantine ne s’est guère accrue en longueur depuis des temps fort reculés.

§. V. Du culte attribué aux habitans d’Éléphantine.

Avant de parler de ce qui regarde l’ancien état d’Éléphantine, je rapporterai et j’examinerai en peu de mots ce que disent les auteurs, du culte attribué à ses habitans ; cette recherche sera appuyée par les bas-reliefs que j’ai précédemment décrits.

Hérodote, après avoir parlé des honneurs que l’on rend aux crocodiles en Égypte, ajoute que les habitans d’Éléphantine et des environs ne regardent point ces animaux comme sacrés, et même qu’ils en mangent la chair[1] ; mais il ne s’explique pas davantage sur le culte de ces habitans. Strabon dit que cette ville a un temple dédié à Cnuphis, et un nilomètre[2]. Selon Clément d’Alexandrie, ceux qui habitent Éléphantine honorent le mœotis, espèce de poisson que l’on ne connaît plus[3].

Mais de tous ces passages, celui qui mérite le plus d’attention, c’est celui de l’historien ecclésiastique Eu-

  1. Herodot. Histor. l. II, c. 69.
  2. Strab. Geogr. l. XVII, p. 817.
  3. In Protreptico, p. 19.