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CH. III, DESCRIPTION

mètres de développement. On a dû exécuter cet ouvrage dans les temps les plus anciens, sans quoi l’île n’eût pas acquis et conservé le développement qu’elle a aujourd’hui. Les variations du cours du Nil, dues à la différence des inondations annuelles, produisent dans son lit des îlots de sable et de limon qui s’agrandissent d’année en année, et atteignent même quelquefois à la grandeur d’Éléphantine : mais ces îles sont de peu de durée, parce que rien ne les défend contre les remous du fleuve ; elles se minent peu à peu et disparaissent, pour reparaître un peu plus loin sous une autre forme et subir ensuite le même sort. Célèbre dès l’antiquité la plus haute, Éléphantine a donc dû être en partie enceinte de murailles à une époque très-reculée. Ces murailles ont sans doute été réparées bien des fois depuis cette époque ; et le quai que nous retrouvons aujourd’hui ne peut être considéré comme étant absolument l’ouvrage des anciens Égyptiens : mais il est probable qu’on a toujours construit sur les mêmes fondemens et dans les mêmes directions.

Parmi ces portions de quai appuyées de part et d’autre sur le roc, et dans la partie où le bras du Nil est le plus étroit, le plus rapide et le plus profond[1], il en est qui présentent une remarque assez curieuse ; leur forme est concave du côté du fleuve, et convexe du côté de l’intérieur de l’île, tellement qu’on peut les regarder comme des espèces de voûtes destinées à résister à la poussée horizontale des terres. Quelqu’élevé que soit le terrain dans cette partie de l’île, ce quai en a soutenu

  1. Voyez pl. 31, au point G.