Page:Description de l'Égypte (2nde édition - Panckoucke 1821), tome 1, Antiquités - Description.pdf/376

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
187
DE L’ÎLE D’ÉLÉPHANTINE.

les édifices grecs et romains, si ce n’est par l’esprit qui les a conçues : il faut donc convenir aussi qu’en architecture il y a plus d’une route, et que l’art n’a pas un type absolu et unique, ainsi que l’ont pensé plusieurs écrivains très-recommandables. Mais cet exemple offert par un petit monument serait de peu de poids, s’il n’était confirmé par beaucoup d’autres édifices, tels surtout que le grand temple d’Edfoû[1].

Un des caractères propres au temple d’Éléphantine, c’est qu’il n’a pas de lignes inclinées, comme tous les autres monumens égyptiens ; les faces des pilastres, des soubassemens, de toutes les murailles, sont verticales. C’est le seul aussi où le plafond de la galerie pose immédiatement sur la corniche. Enfin c’est le seul qui ait, outre le stylobate, un soubassement si élevé, et un escalier extérieur d’un aussi grand nombre de marches.

La hauteur du soubassement donnait lieu à des caveaux ou salles inférieures. J’ai trouvé effectivement un très-long couloir placé sous la galerie du nord ; ce qui en suppose deux autres. On ne peut entrer aujourd’hui bien avant dans cette galerie souterraine[2], à cause des décombres qui l’embarrassent : j’ignore par où l’on y pénétrait quand le temple était dans son entier ; car on n’aperçoit aucune trace d’escalier, aucune ouverture au plancher, dans la salle ni dans la galerie. Ces souterrains communiquaient sans doute à d’autres substructions voisines, dont j’ai déjà dit un mot, et qui s’étendent

  1. Voyez la Description des antiquités d’Edfoû, chap. V.
  2. Cette galerie aura donné lieu à Pococke de parler d’un mur d’enceinte séparé du temple par un espace très-étroit.