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CH. III, DESCRIPTION

et celles des entablemens, on a peine à supporter la vue d’un édifice autrement ordonné ; néanmoins le temple d’Éléphantine, qui en diffère entièrement, a dans son ensemble quelque chose qui plaît et qui arrête l’attention. La distance des piliers et celle des colonnes sont égales à plus de trois fois leur largeur ; ce qui semble donner plus d’air et de légèreté à la galerie, si basse d’ailleurs pour le diamètre des colonnes. La colonne entière n’a pas de haut cinq fois son diamètre supérieur, lequel est le même que la largeur des pilastres.

Le fût seul est égal à six fois le demi-diamètre ou module, pris à la hauteur du stylobate.

Le chapiteau le contient deux fois ; le dé avec l’architrave deux fois, et la corniche, compris le cordon, aussi deux fois.

Par conséquent, la colonne, non compris le dé, contient huit de ces modules ; et l’ordre entier, douze.

L’entre-colonnement du milieu en contient six.

La largeur totale du temple comprend vingt-quatre fois ce même module, et l’intérieur de la salle le renferme neuf fois sur un côté et dix-huit sur l’autre.

Cette symétrie variée, cet emploi d’un même module pour les distances, les hauteurs et toutes les proportions des membres d’architecture, sont, à n’en pas douter, la cause de l’heureux effet que produit la vue de l’édifice ; effet dont, au premier abord, on ne se rend pas compte. Il n’est donc plus douteux que l’art de la disposition des plans et la science des proportions n’aient été portés fort loin en Égypte. Cependant ces combinaisons délicates ne ressemblent en rien à celles que nous offrent