ont perdu l’ouïe pour s’être avancés trop près. En approchant, ils commencèrent à entendre un bruit semblable à celui du tonnerre qui gronde ; alors Timasion leur dit : Nous voici près de la cataracte qui est la dernière pour ceux qui descendent le Nil, et la première pour ceux qui le remontent[1]. Après avoir marché dix stades, ils virent le fleuve tombant de la montagne, ayant la grandeur du Marsyas et du Méandre à leur jonction. À quinze stades de là, ils entendirent le bruit d’une cataracte deux fois plus considérable et plus haute, et insupportable à l’ouïe, tellement que les compagnons d’Apollonius ne voulurent pas avancer plus loin ; mais celui-ci, accompagné d’un gymnosophiste et de Timasion, se rendit à la cataracte. De retour, il raconta aux siens que c’était là. qu’étaient les sources du Nil, paraissant suspendues à une hauteur prodigieuse[2], que la rive était comme une carrière immense où l’eau se précipitait toute blanche d’écume avec un fracas effroyable, et qu’enfin le chemin de ces sources était excessivement roide et escarpé, au-delà de tout ce qu’on peut imaginer[3]. »
Il paraît évident, par cette description, qu’Apollonius voyageait sur la rivière Bleue, et non sur la rivière Blanche, et qu’il était arrivé aux plus hautes montagnes que le Nil traverse sous le parallèle du onzième degré : c’est là que nous avons vu qu’il y avait trois cataractes plus considérables que toutes celles du fleuve. Parmi les modernes, aucun Européen n’est encore par-