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ET DES CATARACTES.

et que c’est à celle de Syène qu’on attribuait un tel effet ; mais, en admettant qu’il s’agisse de cette dernière, l’expression de très-hautes montagnes, dont se sert Cicéron, ne serait pas moins exagérée que la grandeur du bruit.

Strabon donne sur la cataracte de Syène un détail qui est plus précis ; il en parle dans son dix-septième livre, en deux passages[1], dont voici le plus intéressant : « Un peu au-dessus d’Éléphantine, est la petite cataracte, où l’on voit des gens montés sur des esquifs donner une sorte de spectacle aux principaux du pays. La cataracte est une éminence du rocher au milieu du Nil, unie dans la partie supérieure et recouverte par les eaux du fleuve ; elle finit par un précipice, d’où l’eau s’élance avec impétuosité : de part et d’autre, vers la côte, il y a un lit navigable ; les pilotes se laissent entraîner vers la cataracte, puis se précipitent avec leur esquif, sans qu’il leur arrive aucun mal. » Strabon ajoute ensuite qu’au-dessus de la petite cataracte est l’île de Philæ ; il ne laisse donc pas douter que cette cataracte ne soit celle de Chellâl. Comme il parle ici en témoin oculaire, il faut reconnaître que l’état des choses a un peu changé depuis son temps ; car il n’y a aujourd’hui de canal navigable que d’un seul côté, et la chute est aussi beaucoup moins sensible : remarquons en passant que l’auteur se sert du nom de petite cataracte.

Pomponius Mela, dans son style rapide et élégant, décrit en ce peu de mots le cours impétueux du Nil depuis Tachempso jusqu’à Éléphantine : Usque ad Ele-

  1. Strab. Geograph., lib. XVII, pag. 787 et 817.