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CH. II, DESCRIPTION DE SYÈNE

plusieurs cataractes, mais que la plus grande est aux limites de l’Éthiopie et de l’Égypte. Après avoir lu cette description, l’on est peu disposé à l’appliquer à la cataracte de Syène, malgré que Diodore s’en explique formellement. On verra plus loin que plusieurs de ces circonstances conviennent mieux aux cataractes supérieures.

Dans le Songe de Scipion, Cicéron nous a laissé un passage sur les catadupes du Nil qui semblerait par conséquent relatif à la cataracte de Syène. Voulant expliquer comment l’oreille humaine est devenue insensible au prétendu son que rendent les sphères célestes dans leur révolution rapide, il se sert de la comparaison des hommes qui habitent auprès des catadupes, et qui deviennent sourds par la grandeur du bruit que fait le Nil en se précipitant du haut de montagnes très-élevées, de même, dit-il, qu’on perdrait la vue en fixant l’oeil sur le soleil[1]. Macrobe, qui a commenté le Songe de Scipion, suppose que les habitans ne sont pas sensibles au bruit des catadupes, par la raison qu’il est trop considérable : Quoi d’étonnant, ajoute-t-il, si le son produit par les cieux dans leur mouvement perpétuel n’est pas perceptible à nos sens bornés[2] ? Je ne veux pas discuter ces passages, mais seulement faire remarquer que le bruit de la cataracte était généralement réputé capable d’ôter l’ouïe aux habitans des environs,

  1. Hoc sonitu oppletæ aures hominum obsurduerunt ; nec est ullus hebetior sensus in vobis : sicut ubi Nilus ad illa quæ catadupa nominantur, præcipitat ex altissimis montibus, ea gens quæ illum locum accolit, propter magnitudinem sonitûs, sensu audiendi caret, etc. Somn. Scip.
  2. Macr. in Somn. Scip., lib. II, cap. 4.