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CH. II, DESCRIPTION DE SYÈNE

impossible qu’il gagne jamais rien. Les Barâbras m’ont fait voir plusieurs petites statues égyptiennes : peut-être les tirent-ils de Philæ, et non pas de quelque habitation antique du voisinage[1]. Que pouvait toute l’industrie égyptienne contre une nature aussi âpre, aussi intraitable ? C’est aussi là ce qui rend plus merveilleux les riches monumens qu’ils sont allés bâtir dans la petite île de Philæ.

La description que je viens de faire de la cataracte de Syène doit paraître au lecteur bien au-dessous de l’opinion qu’il s’en est formée, s’il ne la connaît que d’après les écrivains anciens, ou bien s’il s’en est fait une idée d’après les effrayantes cataractes de l’Orénoque, de la rivière Bogota, ou du Niagara. On voit que le Nil n’éprouve pas là de chute par un abaissement subit de son lit tout entier, comme il arrive au Rhin à Schaffhouse, ou au Gange à Hurdwar, et comme il en était peut-être autrefois dans ce même lieu. Le fond s’est exhaussé par les dépôts : le courant a usé, miné les roches qui formaient la barre ; ce qui a donné naissance à plusieurs îles entre lesquelles s’écoulent maintenant les rapides. Il n’y a plus de chute aujourd’hui que celle des eaux qui retombent après avoir franchi les écueils ; plus l’écueil a de hauteur et plus le courant a de force pour porter le flot jusqu’au sommet, plus aussi la cascade est forte. Ainsi, dans les basses eaux, les cascades

  1. Pendant que je dessinais le site des cataractes, un de ces Nubiens m’apporta une figure en pâte, représentant Nephthys avec une tête d’animal, et dont le travail est du fini le plus précieux, bien qu’elle n’ait que trois centimètres on environ un pouce de haut (voyez la pl. 87, A., vol. V, fig. 2-4).