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six mille mètres[1] : à l’ouest, au midi et au levant de Syène, presque partout le granit est coupé à pic ; chaque bloc un peu grand est dressé sur quelqu’une de ses faces ; partout l’on voit les traces des outils, ou les trous destinés à placer les coins ; enfin, tout le sol est jonché d’éclats de granit rose, noir, violet et de mille nuances diverses. En voyant sur ces faces, taillées depuis tant de siècles, des couleurs vives et des cassures encore fraîches, tandis que les parties voisines sont d’un ton noirâtre, on juge du laps de temps qu’il a fallu pour que le rocher prît cette couleur brune.

Les coins destinés à faire éclater les blocs de granit se plaçaient dans des trous qui avaient seulement deux à trois pouces de longueur sur autant de profondeur, et distans l’un de l’autre de trois fois autant : en examinant ces marques de près, on voit que les ouvriers choisissaient, pour placer leurs coins, les parties où la séparation des masses était comme indiquée par des fissures et par des accidens de la pierre[2]. Nous avons trouvé beaucoup de fragmens qui étaient prêts à être enlevés, et qui sont restés dans la carrière ; entre autres, une colonne de cinq à six mètres de long, et un dessus de porte dont la forme se reconnaît aisément : on voit là qu’un bloc une fois séparé de la masse était sur-le-champ taillé et dégrossi sur place.

L’un des restes les plus intéressans des anciennes exploitations, c’est un obélisque ébauché qu’on trouve dans

  1. Une lieue et un tiers.
  2. Voyez le Mémoire de M. Rozière sur les carrières anciennes, où l’auteur traite d’une manière spéciale de la méthode d’exploitation pratiquée chez les Égyptiens.