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CH. II, DESCRIPTION DE SYÈNE

couvert, et qui donnent la mesure du débordement ou de l’abaissement du fleuve. On lui montra aussi les gnomons horaires, qui, à midi, ne fournissent point d’ombre, parce que, le rayon solaire étant vertical à Syène le jour du solstice d’été, la lumière est également répandue de toutes parts, et ne donne lieu à aucune ombre, tellement qu’au fond même des puits la surface de l’eau est éclairée en entier[1]. » Ce nilomètre subsistait encore au quatrième siècle : selon Maqryzy, il aurait été fondé par A’mrou ben el-A’ss ; mais A’mrou ne fit sans doute que le restaurer[2].

Il faudrait peut-être chercher ce nilomètre dans le voisinage de l’ancien bâtiment qui ferme le port de Syène, et dont j’ai déjà parlé ; car la tradition en a conservé le nom et l’on appelle encore ce lieu Meqyâs, c’est-à-dire, nilomètre[3]. Cette construction assez élevée, qui paraît la tête d’un aqueduc destiné à conduire l’eau sur les parties élevées de l’ancienne ville, et que d’autres ont regardée comme des thermes, a pu servir elle-même dans la suite à mesurer les crues du Nil, puisqu’elle est baignée par les eaux du fleuve. Les fenêtres qu’on y voit, les arcades de la muraille qui y aboutit, et le soin apporté dans la construction, annoncent l’ouvrage des Romains. On sait qu’ils entretenaient une cohorte à Syène, ainsi qu’à Éléphantine et à Philæ : c’étaient là les barrières de l’empire romain du côté de l’Éthiopie.

C’est probablement encore un ouvrage romain que

  1. Æthiopic. lib. IX.
  2. Je n’examine pas ici la question de savoir s’il faut regarder comme un seul et même nilomètre celui d’Héliodore et celui que Strabon (l. XVII de sa Géographie) place à Éléphantine.
  3. Voyez pl. 31, et pl. 32, fig. 2.