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CH. ii, DESCRIPTION DE SYÈNE

et des offrandes ; mais toutes annoncent, comme à Philæ, le soin et la peine qu’il a fallu prendre pour les exécuter. On a sculpté de la même manière les blocs de l’île d’Éléphantine, qui est en face. Il serait curieux de découvrir le sens des inscriptions, qui peut-être n’ont pas toutes un objet religieux, et qui pourraient bien avoir trait à l’exploitation des grands massifs où on les a tracées. Ces rochers du bord du Nil sont encore plus noirs que les autres ; et le frottement des eaux leur a donné un luisant et une sorte de poli particulier, qu’on ne peut se représenter parfaitement qu’après l’avoir vu sur les lieux.

L’intérieur de l’enceinte de la ville arabe est rempli de décombres accumulés sur les blocs de granit où cette ville était assise : sa longueur est de sept à huit cents mètres. C’est vers le midi qu’est le chemin qui conduit de Syène à l’île de Philæ. Au levant, on y remarque une butte très-haute, sur laquelle l’armée française avait élevé un fort ; au-dessous, un temple égyptien, presque enseveli sous la poussière et les ruines, et plus bas, des colonnes de granit isolées, ouvrage plus récent ; enfin, vers le nord, une construction que l’on croit romaine ; elle est dirigée vers le bord du Nil, où elle finit par un bâtiment carré, analogue à celui qui termine l’aqueduc du Kaire[1]. Du côté du nord, cette ville était bornée par le fleuve, et bâtie sur une pente douce, qui aujourd’hui est toute remplie de dattiers. La plage est couverte de sable et de limon que le Nil y dépose pendant le débordement. On y trouve plusieurs arbustes dignes d’attention[2] : l’un est une grande espèce d’asclé-

  1. Voyez pl. 31, et pl. 32, fig. 2.
  2. Voyez pl. 30, fig. 4.