Page:Description de l'Égypte (2nde édition - Panckoucke 1821), tome 1, Antiquités - Description.pdf/313

Cette page a été validée par deux contributeurs.
124
CH. II, DESCRIPTION dE SYÈNE

d’été ; qui suffisait pour que l’ombre y fût nulle, ainsi que le rapporte Arrien, qui écrivait vers l’an 120 de J.-C. En effet, l’obliquité de l’écliptique devait être alors de 23° 49′ 25″ en partant de l’observation d’Hipparque[1] et de la variation calculée approximativement pour cette époque : si l’on y ajoute le demi-diamètre moyen du soleil ou 15′ 57″, on trouve 24° 5′ 22″ ; ce qui est, à 1″ près, la latitude de Syène. À plus forte raison les écrivains antérieurs, tels que Plutarque, Pline, Lucain, Hipparque et Ératosthène, étaient-ils fondés à dire que le style ne donnait point d’ombre à Syène, le jour du solstice[2]. Quant à Ptolémée, Pausanias, et enfin Ammien Marcellin, qui écrivait au quatrième siècle, il est facile de concevoir comment ils ont rapporté le même fait, soit qu’ils s’en fussent tenus à une tradition accréditée, soit même que de leur temps on observât encore le gnomon à Syène ; car un rayon vertical, ne déviant que de 2 à 3 minutes, ne devait produire qu’une ombre absolument insensible à l’œil.

Aujourd’hui le tropique est bien plus rapproché de l’équateur, et sa distance à Syène est de 37′ 23″ au sud, ou de plus de quinze lieues et demie ; le limbe du soleil n’arrive qu’à 21′ 3″ du zénith de cette ville : d’où il résulte qu’au solstice d’été l’ombre y est encore très-peu

  1. Cette observation est de 23° 51′ 20″.
  2. M. de la Nauze est, je crois, le premier et le seul qui ait donné une explication analogue ; mais il se trompait sur la diminution séculaire de l’obliquité, qu’il estimait à plus de 66″, tandis qu’aujourd’hui elle n’est que de 50″, bien que supérieure à celle d’autrefois. Il s’est également trompé sur la latitude de Syène, qu’il ne fait que de 23° 59′ 20″, erreur qui compense à peu près l’autre (voy. les Mémoires de l’Académie des inscript. et belles-lettres, t. XLIII, in-12)