Page:Description de l'Égypte (2nde édition - Panckoucke 1821), tome 1, Antiquités - Description.pdf/305

Cette page a été validée par deux contributeurs.
116
CH. I, DESCRIPTION

choisie plutôt que toute autre figure pour décorer les déversoirs des terrasses des temples.

Nous remarquerons d’abord que les ablutions, les purifications par l’eau lustrale, et tous les usages religieux qui sont fondés sur la vertu régénérative de l’eau, viennent originairement de l’Égypte. Cette eau si salutaire, si bienfaisante, c’est celle du Nil au temps de l’inondation où, nouvelle et plus salubre, elle vient remplacer l’eau stagnante, chasser les maladies, et, se répandant sur toute la face de l’Égypte, produire seule l’abondance et renouveler en quelque sorte la vie de tout ce qui végète ou respire. Ce phénomène de l’inondation revient chaque année au solstice d’été ; et la constellation du zodiaque dans laquelle entre alors le soleil, était regardée par les anciens Égyptiens comme la compagne et le signe du phénomène ; c’était elle qui annonçait et qui semblait produire l’inondation.

On aperçoit maintenant quelle est l’origine de l’emblème qui nous occupe. À une certaine époque, le lion céleste était solsticial ; c’était alors cette constellation qui paraissait être la cause du débordement et verser l’eau des purifications ; et ce fut le lion que l’on représenta dans les temples, versant effectivement l’eau lustrale. C’est à cette époque, suivant nous, qu’il faut rapporter la construction du temple de l’ouest et celle de l’édifice ruiné, dans lesquels se trouve notre emblème ; mais cette époque ne donne pas une date précise, parce qu’elle est comprise entre des limites fort éloignées l’une de l’autre, le lion ayant occupé le solstice pendant deux mille cent soixante-trois ans.