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DE L’ÎLE DE PHILÆ.

trois cents ans d’ancienneté ; voyons s’il ne serait pas possible de trouver, pour quelques-uns d’eux, des indications plus particulières sur le temps de leur érection.

En décrivant le temple de l’ouest, nous avons parlé d’un déversoir destiné à faire écouler les eaux qui pouvaient être versées sur la terrasse du temple ; nous avons également parlé d’une scène sculptée sur les murs de l’édifice ruiné de l’ouest, dans laquelle se trouve figuré un pareil déversoir, et nous avons donné de fortes raisons de penser que ces rigoles avaient un usage religieux, qu’elles versaient les eaux lustrales, c’est-à-dire, les eaux nécessaires à de certaines purifications ordonnées par la religion ; enfin nous avons vu que ces déversoirs ou rigoles sont décorés de la figure d’un lion qui laisse jaillir l’eau par sa gueule, ou entre ses pattes (§. vii). Or, il faut bien se pénétrer d’une vérité que tout cet ouvrage confirmera de plus en plus, c’est qu’il n’y avait rien d’arbitraire dans le choix des décorations égyptiennes, et qu’il ne faut pas, à cet égard, juger de leurs règles et de leurs motifs d’après les idées qui nous dirigent dans la composition de l’ornement. Chez nous, comme il est arrivé chez les Grecs eux-mêmes, on consulte uniquement l’œil ; c’est l’imagination, c’est le goût du sculpteur qui sert de règle à la décoration : chez les Égyptiens, au contraire, chaque ornement offre un emblème ; l’art consistait à faire servir cet emblème à l’embellissement de l’édifice. En voyant donc ici le lion et l’eau réunis, et celle-ci en quelque sorte produite par celui-là, on doit se demander quel peut avoir été le motif de cette réunion, et pourquoi la figure du lion a été