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DE L’ÎLE DE PHILÆ.

Ce n’est pas cependant que les Égyptiens pussent ignorer l’art d’appareiller les pierres sur le chantier, avant de les mettre en place ; ce qui le prouve, c’est la manière dont ils taillaient quelquefois les joints par lesquels les pierres d’une même rangée horizontale se touchent. Ces joints ne sont pas tous verticaux ; on en trouve d’inclinés sous divers angles : il fallait donc que les pierres, avant d’être rapprochées, fussent parfaitement taillées sous la même inclinaison, pour que le joint fût exactement fermé. Cette méthode de joints inclinés donnait, comme on le voit, naissance à une difficulté de plus dans la construction ; et l’on ne peut guère lui trouver d’autre motif que celui de l’économie de la pierre, puisque cette méthode permettait d’employer les blocs qui avaient des faces inclinées, sans en rien retrancher que ce qui était nécessaire pour les aplanir. Mais comment accorder ce procédé économique avec cet autre qui l’est si peu, de mettre en place des pierres beaucoup plus grosses qu’il ne fallait, pour y tailler ensuite les formes que l’on voulait exécuter ?

Quant aux joints horizontaux, ils sont tous parallèles et parfaitement de niveau ; mais ce n’est pas toujours une même assise de pierres qui règne dans toute l’étendue de l’édifice, comme nous le pratiquons dans toutes nos constructions en pierres de taille ; souvent une assise fort élevée est continuée par deux assises plus basses[1].

  1. D’autres fois une même pierre est taillée en crochet, et appartient à deux assises de hauteurs différentes. Les diverses constructions de Philæ et de l’Égypte présentent des exemples de ces irrégularités, qui, d’ailleurs, n’ôtent rien à la solidité, mais nuisent seulement à la beauté de l’appareil. Il apparaît que les Égyptiens attachaient peu de prix à l’ex-