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CH. I, DESCRIPTION

une circonstance heureuse que celle qui nous permettait de juger de l’architecture égyptienne toute nue, et de nous assurer de la beauté de son caractère par les seules lignes qui la constituent.

Une autre circonstance nous permettait encore de satisfaire notre vive curiosité sur tout ce qui a rapport aux arts égyptiens : plusieurs parties de l’édifice n’ayant point encore reçu leur dernière forme, et les pierres étant restées à peine dégrossies, nous avons pu suivre les divers degrés du travail, et juger de l’avancement de ce peuple dans l’art de la construction.

La coupe des pierres est, comme on le sait, cette partie de l’art de bâtir qui consiste à tailler séparément toutes les pierres d’un édifice de telle sorte, qu’il n’y ait plus qu’à les poser chacune à la place qui lui est destinée, pour que l’édifice soit construit. Les Égyptiens suivaient, à ce qu’il paraît, une marche moins savante ; ils plaçaient les pierres assez peu dégrossies les unes sur les autres, et taillaient ensuite dans ces massifs les formes de l’architecture. C’est du moins ce qui est évident dans plusieurs parties de l’édifice de l’est : tout le haut en est taillé et poli ; mais, dans le bas, de grandes portions sont restées brutes (voyez les pl. 4 et 25). Les colonnes, arrondies au-dessus des murs d’entre-colonnement, le sont aussi dans l’intérieur entre ces mêmes murs ; mais, au-dehors, il y en a plusieurs qui n’ont encore reçu aucune forme ; et à la colonne de l’angle sud-ouest, entre autres, j’ai mesuré des saillies de plus d’un décimètre, qui auraient été retranchées si l’édifice eût été fini.