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DE L’ÎLE DE PHILÆ.

multitude des sculptures dont il est couvert. La sculpture décore non-seulement toutes les parties indiquées dans les dessins, mais encore le mur du fond de la galerie et les colonnes dans toute leur hauteur. Nous sommes déjà revenus plusieurs fois sur cette profusion d’ornemens, et nous sommes toujours ramenés à en parler, parce qu’elle est peut-être un des caractères les plus remarquables des monumens égyptiens, et aussi parce que les dessins ne peuvent représenter qu’imparfaitement cette richesse de sculpture, et surtout l’effet qu’elle produit.

Mais, afin d’en parler ici pour la dernière fois, nous donnerons en peu de mots cette règle générale, que, dans tous les édifices égyptiens qui ont été entièrement achevés, on ne voit aucune partie qui ne soit couverte de sculptures, à l’exception des listels de corniche, qui sont essentiellement lisses. Le listel d’une corniche est cette bande plate qui en forme la moulure supérieure, et qui, dans les grands édifices, a quelquefois jusqu’à sept décimètres de hauteur[1] ; mais, malgré l’étendue de surface qu’elle présente, quelle que soit sa situation intérieure ou extérieure, dans un temple, dans un palais, ou dans un tombeau, elle ne porte jamais aucun hiéroglyphe, aucun emblème, et elle se voit partout sans aucune décoration[2].

Il est’difficile de trouver d’autres motifs à cette règle si généralement observée, que des raisons de conve-

  1. Envir. deux pieds deux pouces.
  2. Cette remarque est importante pour la question de l’ancienneté des monumens (voyez le Mém. sur les inscriptions).