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DE L’ÎLE DE PHILÆ.

ment les colonnes, en dérangent les pierres, ou les renversent quelquefois.

Vers le milieu de la longueur de la galerie, deux des colonnes sont plus espacées que les autres : des pieds-droits s’élevaient contre ces colonnes, et formaient entre elles une porte ; ce qui fait naturellement supposer que l’on ne passait pas entre toutes les autres colonnes, et qu’il y avait à cette galerie des murs d’entre-colonnement, comme on en voit à tous les portiques, à toutes les colonnades extérieures.

Les colonnes, ainsi que le mur du fond de la galerie, sont entièrement couvertes de sculptures dont quelques-unes portent encore des couleurs. Ce mur, qui forme le fond de la galerie, est le mur même du quai ; sa fondation, ayant été établie sur les rochers, n’a pu être faite en ligne droite, et l’on ne s’est pas mis en peine de dissimuler ce défaut d’alignement dans la partie supérieure du mur ; ce qui cependant eût été, à ce qu’il semble, assez facile. Il en résulte que le mur de la galerie est sinueux, et que la galerie elle-même n’a point, dans toute sa longueur, une largeur uniforme. Cette négligence a quelque chose de choquant pour un Européen ; mais cet exemple, et quelques autres de même espèce, ne sont pas suffisans pour conclure que les idées de symétrie et de régularitén’étaient pas, chez les Égyptiens, ce qu’elles sont parmi nous. Lorsque la plupart de nos grands édifices renferment des irrégularités, devons-nous hésiter à croire que celles que présentent quelques monumens égyptiens aient été causées par des circonstances particulières qu’il a été impossible de vaincre ?