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CH. I, DESCRIPTION

ment ornés de tableaux et de décorations symboliques. Ainsi, ce pylône est sculpté dans toutes ses parties ; et quoique nous ne voyions encore qu’un monument, et même qu’une seule face de ce monument, elle nous offre déjà plus de six cents mètres carrés[1] de surface sculptée.

Cette profusion de sculptures est extrême, et cependant il n’en résulte aucune fatigue pour l’œil ; les lignes de l’architecture n’en sont point interrompues ; et ce système de décoration, quelque nouveau qu’il paraisse, plaît et flatte la vue dès le premier abord. Cela tient à l’heureuse disposition de cette décoration, à la simplicité de la pose des figures, à la manière uniforme dont la sculpture est en quelque sorte répandue sur toutes les surfaces des monumens, et, enfin, surtout à son peu de relief, qui ne produit nulle part ni de grandes ombres ni de vives lumières.

Au-devant du pylône, des obélisques et des lions de granit rouge sont renversés, brisés, et presque entièrement enfouis : c’est à l’imagination à les tirer de la poussière, à les replacer de chaque côté de la porte du pylône, et à rendre ainsi cette première entrée des temples une des plus simples et des plus admirables compositions d’architecture que les hommes aient imaginées.

Mais à l’admiration succède bientôt un autre sentiment : dans ces lieux antiques où tant de peuples divers ont laissé quelques traces de leur passage, les impressions se suivent et varient à chaque pas. En approchant du pylône et de quelques restes de constructions qui l’environnent à droite, on aperçoit plusieurs noms, plu-

  1. Cinq mille quatre cents pieds carrés