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DE L’ÎLE DE PHILÆ.

origine. Mais l’île de Philæ était, aux temps anciens, un des lieux les plus sacrés de l’Égypte. Les prêtres enseignaient que le tombeau d’Osiris y était placé ; et cette île avait dû devenir, pour ce motif, un lieu saint, un but de pélerinage, comme l’est aujourd’hui Médine, tombeau de Mahomet.

Cette muraille, qui, sans doute, était gardée de distance en distance, servait donc à protéger la route comprise entre elle et les rochers qui bordent le Nil, et à prévenir les surprises de l’ennemi, ou seulement des voleurs qui pouvaient attaquer les personnes voyageant sur cette route.

Au surplus, ce moyen de défense, qui nous paraît aujourd’hui prodigieux, a été mis ailleurs en usage par ces mêmes Égyptiens, pour protéger d’autres parties de leur territoire ; plusieurs nations anciennes ont, comme on le sait, enveloppé entièrement leur pays par des constructions bien plus considérables encore. Celle dont nous nous occupons est cependant remarquable, parce qu’elle a été élevée dans un canton sans population, sans culture, et pour des motifs qui paraissent uniquement religieux.

La route de Philæ offre encore aujourd’hui quelques traces de l’antique dévotion des Égyptiens, dans les inscriptions en caractères sacrés, qui sont sculptées le long de cette route sur plusieurs des rochers qui la bordent. Ces inscriptions ne sont pas toutes entaillées dans le granit, et, pour la plupart, on a seulement enlevé la couche brune et mis à découvert le ton rose-poudreux du granit dépoli : c’est par cette teinte légère qu’elles se