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DE L’ÎLE DE PHILÆ.

pourront même, en commençant, comparer l’étendue, la disposition et les formes principales des édifices.

La ville de Syène, située sur la rive orientale du Nil, est la dernière habitation de l’Égypte. Des roches de granit, sortant du milieu du fleuve, annoncent les approches de la cataracte, et marquent le terme de la navigation. Cependant, au-delà des cataractes, de cette limite naturelle de l’Égypte, l’île de Philæ est couverte de monumens égyptiens. Les Grecs et les Romains l’ont possédée ; et l’armée française, conduite en Égypte par le général en chef Bonaparte, en a pris aussi possession.

Cette île est à un myriamètre[1] au-delà de Syène. Lorsque l’on a quitté Syène moderne, et qu’on a traversé la ville antique, située un peu plus au midi, dans une position élevée, on descend dans une petite plaine d’environ douze cents mètres[2] d’étendue, qui se termine au Nil vers le couchant. Le chemin qui la traverse est fort inégal, moins par la forme même du terrain que par les débris de granit provenant des carrières, et par les autres décombres qui y sont répandus. À gauche sont, en grand nombre, des tombeaux arabes dont la date remonte jusqu’au temps du khalyfe O’mar ; à droite on aperçoit quelques minarets, quelques dômes qui ont été élevés pour servir aussi de tombeaux dans des temps plus modernes.

Après avoir traversé cette petite plaine, la route s’élève assez rapidement. Elle est bordée, du côté du Nil, par des rochers qui la séparent entièrement du fleuve ; de l’autre côté, on voit d’abord de vastes fon-

  1. Deux lieues.
  2. Un quart de lieue.