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Suivant des traditions encore vivantes chez le peuple de la Cité, l’habile serrurier qui a si vigoureusement ferré les portes de Notre-Dame serait le diable en personne venu en aide, moyennant un pacte bien conclu, à l’ouvrier qu’on avait chargé de cette œuvre, et qui ne savait plus comment se tirer d’embarras. Ce diable forgeron est connu dans le quartier sous le nom de Biscornette, qui n’a pas besoin d’explication ; des savants en ont fait un artiste vivant pendant le XIVe siècle, bien que les ferrures datent du commencement du XIIIe, et ce sobriquet a pris place sur plus d’une liste de maîtres du moyen âge. Pour si malin qu’il fût, Biscornette ne parvint jamais à ferrer la porte centrale par laquelle sortait le saint sacrement dans les jours de solennité. La porte Sainte-Anne restait ordinairement fermée ; le peuple en concluait qu’un sort avait été jeté sur elle, et qu’elle ne s’ouvrirait plus. Tout ce que nous en pouvons dire, c’est que de nos jours les architectes l’ont ouverte à deux battants, et sans trop de difficulté. Quelle que soit la valeur de ces croyances populaires, nous sommes persuadé que la porte centrale était fermée par des vantaux ornés de la même manière que les autres. Soufflot les remplaça par une grande boiserie où l’on voyait sculptés, à peu près de proportion naturelle, le Christ et la Vierge. À la même époque, les vantaux des deux portes du transsept et de la porte Rouge furent refaits par les soins du chapitre, en un style gothique, comme on le comprenait au XVIIIe siècle.

On pourrait supposer que cette multitude de statues et de bas-reliefs que nous avons cités ne s’ajustent pas sur la façade sans contrarier les lignes de l’architecture. Il n’en est rien cependant. Jamais accord plus fraternel n’exista entre le sculpteur et l’architecte : jamais ils n’ont mieux réussi à se faire mutuellement valoir. L’arrange-