Page:Description de Notre-Dame, cathédrale de Paris.djvu/101

Cette page a été validée par deux contributeurs.

tice qu’on voyait encore de son temps à l’entrée de l’église. On la transportait, quand il y avait lieu, au parvis, devant le grand portail ; elle se terminait par une petite plateforme, où le patient était agenouillé, avec un écriteau contenant en deux mots son délit. Le bon père Du Breul y vit une exposition vers le milieu du XVIe siècle. C’était une manière de pilori. Le coupable y demeurait longtemps mocqué et injurié du peuple. Les moines de Saint-Germain des Prés avaient en leur église une échelle semblable, dont le père Du Breul regrette fort la destruction ; c’était, dit-il, une belle marque de la justice spirituelle et épiscopale de l’abbaye.

Au côté de la baie centrale, dans les deux tympans des ogives qui encadrent deux groupes de niches, la charité de saint Martin est dignement glorifiée. À gauche, le saint à cheval, jeune encore, coupe en deux son manteau avec son épée, pour en donner la moitié au pauvre d’Amiens[1]. À droite, Jésus-Christ montre à deux anges respectueusement inclinés le vêtement sanctifié : Martin, leur dit-il, n’étant encore que catéchumène, m’a revêtu de ce manteau. La ville d’Amiens a vu tomber naguère les dernières piles romanes d’une église élevée sur le lieu même où Martin avait ainsi couvert la nudité du pauvre. Une inscription appliquée au mur du palais de justice rappelle encore la charité du saint et l’existence de l’église.

  1. Aucun trait de la vie des saints n’a été plus souvent peint ou sculpté dans toutes les églises du monde chrétien. On peut appliquer à la charité de saint Martin ce que le Christ a dit du parfum versé sur sa tête par Madeleine : Amen dico vobis, ubicumque prædicatum fuerit hoc evangelium, in toto mundo, dicetur et quod fecit in memoriam ejus. (Matth., XXVI.)