Page:Description d'un parler de Kerry.pdf/69

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
51
COMPOSITION ET DERIVATION NOMINALES

Les premiers éléments ri:- et αh‑, d’origine nominale, ont pris valeur de préfixes (§ 63).

Un substantif déterminé par un complément prépositionnel (comme un substantif déterminé par un génitif, voir § 140) peut avoir la valeur d’un composé : αunfe: (ceannfé) « honte, confusion », litt. « tête dessous » ; eirʹi:nɑrdʹə (eirghe-in-áirde) « sentiment d’excitation et d’importance », litt. « élévation en l’air ».

§ 62, II. Premier terme adjectif. Quelques adjectifs se composent avec des substantifs : kɑmɑiməd (camadhmad) « du bois tors » ; kɑməχɑinʹtʹ (camchainnt) « un propos perfide ». Mais le deuxième terme est le plus souvent adjectif, la composition ne se distinguant de la juxtaposition que par l’aspiration du deuxième terme : duvǥorəm (dubhghorm) « noir bleu, bleu sombre » : mʷè:lvʹrʹiʃtʹə (maolbhriste) « chauve-brisé, brisé de façon à avoir perdu sa crête (se dit de la vague une fois brisée) ». On passe par transitions insensibles de ce type au type III, à mesure que le premier terme perd de sa valeur concrète.

Bon nombre de ces composés sont des adjectifs de sens possessif dont le deuxième terme, formé sur un substantif à l’aide du suffixe ‑ach, n’existe pas isolé : fɑdχosɑχ (fadchosach) « aux longues jambes » ; kɑməχosɑχ (camchosach) « aux jambes fortes » ; αlχri:χ (gealchroidheach) « au cœur brillant, insouciant » ; luehi:nʹtʹinʹəχ (luathintinneach) « à l’esprit rapide » ; mʷè:lχluəsəχ (maolchluasach) « aux oreilles couchées » ; on peut former à volonté des adjectifs de ce genre, qui répondent au besoin, très marqué dans le parler, de caractériser les individus.

§ 63, III. Premier terme préfixal. Le deuxième terme est soit un substantif soit un adjectif, et donne sa flexion au composé.

Ce type tient une grande place dans le parler. Nous avons affaire non plus à des mots isolés, mais à des séries ouvertes formées à l’aide de préfixes exprimant des modalités (nombre, degré, fréquence, etc), de la notion concrète exprimée par le deuxième élément. C’est ainsi que toute une série de préfixes exprime les degrés absolus de l’adjectif.