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LE SUBSTANTIF : FLEXION DU PLURIEL

‑orʹ, ‑u:rʹ ainsi qu’en face des invariables de type X, B et C : doχtu:rʹi:, kαlʹi:nʹi:, hɑti: (hataí), de hɑtə (hata) « chapeau » ;

Combiné avec le pluriel en ‑tə, donne ‑ti: : è:nti: (aontaighe) de è:nəχ (aonach) « marché ».

Combiné avec le pluriel en ‑əχə, donne ‑i:χə (‑igheacha), krɑni:χə (crannuigheacha), à côté de kri:nʹ (crainn), pluriel de krɑun (crann) « arbre » ; gʹi:rʹi:χə (geimhridheacha), à côté de gʹi:rʹi: (geimbridhe), pluriel de gʹi:rʹə (geimhreadh) « hiver ».

§ 49. Les exemples cités plus haut prouvent qu’il n’est pas rare qu’un mot ait deux pluriels, soit que l’un soit fort (et court) et l’autre faible (et long), soit qu’il s’agisse de deux pluriels faibles. Dans ce dernier cas il y a en général flottement pur et simple entre les deux formes : le pluriel de ɑ:tʹ (áit) « endroit », sera ɑ:tʹənə ou ɑ:tʹəχə, selon les sujets, et sans distinction de sens ni d’emploi.

En revanche, lorsqu’il existe une forme longue et une forme courte de pluriel, il y a généralement soit répartition d’emploi, soit différenciation de sens. Sinon, la forme longue tend à éliminer la forme courte. On aura ainsi la forme courte avec les noms de nombre, partout ailleurs la forme longue : ʃαχt gʹi:nʹ (seacht gcinn) « sept (unités) », mais αni:χə əku (ceannuíocha aca) « certains d’entre eux » ; ʃαχt nuerʹə (seacht n‑uaire) « sept fois » mais uerʹəntə ou uerʹəstə « quelquefois » ; ʃαχt mʹi: (seacht mí) « sept mois », mais mʹi:nə fɑdə (mídheanna fada) « de longs mois ». On a le pluriel bʹlʹiənə dans les noms de nombre, ailleurs bʹlʹiəntə.

Ou bien, avec spécialisation de sens : sgʹi:α (scéala) « des nouvelles », sgʹi:αltə (scéalta) « des histoires » ; ou, le pluriel fort ayant la valeur de généralité indéterminée par opposition au pluriel faible : iəsg (iasc) « poisson », e:ʃgʹ (éisc) « des poissons », e:ʃgʹənə (éisgeanna) « différentes espèces de poissons » ; ɑiməd (adhmad) « du bois », ɑimədʹ (adhmaid) « des bois, des planches », ɑimədi: (adhmadaí) « différentes essences de bois ».

Il ne semble pas qu’il y ait de distinction de sens entre iʃgʹi: (uiscí) et iʃgʹi:χə (uiscíocha), pluriels de iʃgʹə (uisge) « eau » ; on a indifféremment knikʹ (cnuic) ou knikʹənə (cnui-