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CHAPITRE PREMIER
SUBSTANTIF ET ADJECTIF : GENRE. NOMBRE ET CAS

§ 12. Les deux espèces de noms, substantif et adjectif, sont nettement différenciées, par l’emploi comme par la flexion : le passage d’une catégorie à l’autre est exceptionnel. Le substantif ne s’emploie pas avec valeur adjectivale : un tour comme le français « il est très enfant » se rendra tɑ: ʃe ɑnəlʹαnəbʷi: (tá sé analeanbaidhe), avec l’adjectif dérivé du nom de l’enfant, ou par une tournure comme αnəv kʹαrt iʃα e (leanbh ceart iseadh é) « c’est un vrai enfant », avec la construction en is, propre au substantif (voir § 149 sq.).

L’emploi substantival de l’adjectif est limité à un petit nombre d’expressions consacrées ou de pluriels à valeur collective, désignant une classe sociale, etc. Dans ce cas l’adjectif prend en règle générale la flexion substantive (pluriels palataux, datifs pluriels, dans la mesure où ceux-ci sont conservés dans la flexion substantive) : on dit pourtant nə hueʃlʹə (na huaisle) « les nobles, les messieurs », mais par ailleurs dosnə hueʃlʹəvʹ (dosna huaislibh) « aux nobles », nə boχtʹ (na boicht), ou nə boχtəvʹ (na bochtaibh) « les pauvres », ʃαχt golətɑ:nəgʹ ən tʹlʹé: (seacht gcodlatánaigh an tsléibhe) « les sept dormeurs de la montagne ». On dira d’ailleurs aussi bien nə di:nʹə boχtə (na daoine bochta) « les pauvres gens », même au sens collectif, et ce tour est le seul possible quand il s’agit de désigner un groupe déterminé : is muər ə truə iəd nə di:nʹə boχtə (is mór an truagh iad, na daoine bochta) « ils font pitié, les pauvres gens » et non nə boχtʹ; de même nə di:nʹə bʹrʹo:tʹə (na daoine breóidhte) « les malades ». Au singulier, on dira toujours ə fʹαr bʹrʹo:tʹə (an fear breóidhte) « le malade », ə vʹαn vʹrʹo:tʹə (an bhean bhreóidhte) « la malade », ə dinʹə