Page:Description d'un parler de Kerry.pdf/221

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
203
LA FILLE DU MARCHAND

son où se trouvait le capitaine. Mais, hélas, il ne la reconnut pas. Ils causèrent ensemble un moment et il lui dit qu’il connaissait une maison où elle trouverait du travail. Par la suite, ils se promenaient tous les soirs, et passaient le temps ensemble, comme aurait fait n’importe quelle paire de garçons.

L’année était, peu s’en faut, écoulée. Un soir, ils étaient assis ensemble et Marie la Blanche se mit à lui poser des questions : « était-il marié ? de quel pays était-il ? ou quand aurait-il ses vacances ? ». Il lui dit tout ce qui lui était arrivé, du commencement à la fin, car il croyait parler à un camarade garçon. Quand il eut fini de parler : « Fi ! », dit Marie, « peut-être que la pauvre fille était innocente ». « Elle ne pouvait pas l’être, car son anneau de mariage était à son doigt à lui ». « Lorsque nous irons chez nous en vacances », dit Marie, « je vais, moi, en Irlande, et viendrais-tu avec moi passer tes vacances ? ». « Je ne voudrais pas », dit le capitaine, « revoir l’endroit. Il me fait horreur ». « Ne t’occupe pas de cela », dit Marie.

Elle continua de le presser jusqu’à ce qu’il consentit à venir avec elle. Ils apprêtèrent un navire et entrèrent dans la grande ville de Cork. Ils descendirent dans un hôtel cette nuit-là, mais le lendemain matin elle dit au garçon de l’excuser et d’attendre où il était jusqu’à ce qu’elle revienne. Elle alla trouver un sien oncle qui était prêtre dans la grande ville et elle obtint de lui une chasuble et quelques autres petits accessoires. Lorsqu’elle revint : « Allons maintenant nous promener », dit-elle, « un moment ».

Elle n’arrêta point qu’elle ne l’eût amené dans sa propre maison. Quand ils eurent mangé (elle n’avait pas fait semblant de reconnaître personne ni d’être reconnue de personne), elle dit à la servante : « Il viendra bientôt un prêtre ici », dit-elle, « il a besoin d’obtenir quelque information concernant cette maison et les gens qui l’habitaient ». Elle entra dans une chambre, et fit asseoir le compagnon qu’elle avait avec elle. « Assieds-toi là un instant », dit-elle. Elle prit la chasuble et s’en alla dans un endroit à part, et s’en revêtit. Elle appela la fille de chambre : « Mets-toi là à genoux et confesse-moi tes péchés ». La pauvre fille s’agenouilla, et elle lui