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LES FORMES COMPOSÉES DU VERBE ; TEMPS ET ASPECT

etc. » is mʹnʹik ə χuələ (is minic a chuala) « j’ai souvent entendu dire » ; R. C., 49, 424 : áit nár shiubhal duine ná daonaidhe riamh roime-sin « (le héros arrive dans une vallée déserte) lieu qu’aucun être humain n’avait jamais parcouru auparavant » ; B. O., II, 378 : bhí sí sásta gabháil leis go h‑aon rud nuair a thuig sí cad a dhein sí « Elle se résigna à tout supporter, lorsqu’elle eut compris ce qu’elle avait fait ».

Le prétérit I des verbes cités § 204 peut exprimer la contemporanéité, comme ferait, dans les autres verbes, le prétérit II (voir plus bas). Le fait est parallèle à ce qui se produit pour le présent : vʹrʹαhəs go, çαpəs go (bhraitheas go, cheapas go) « je sentais, je pensais que... ».

Le prétérit du verbe d’existence correspond pour l’aspect à la fois au prétérit I tensif et au prétérit II cursif des autres verbes : on l’aura donc aussi bien avec la valeur de l’imparfait français (contemporanéité) qu’avec la valeur du prétérit : bhí rí i n‑Eirinn fadó « il y avait jadis un roi en Irlande » ; p. 193 : nuair a fuair sé bás má bhí Máire brónach, bhí sí sásta « quand il mourut, si Marie fut chagrine, elle fut (aussi) contente ».

§ 210. Le prétérit II, cursif, exprime le développement du procès et la contemporanéité dans le passé. Il correspond donc sensiblement à l’imparfait français : Peig, p. 78 (suite du passage cité § 209) bhí a lán ceisteanna agam d’á gcur ar m’athair i rith na slighe « je posais une masse de questions à mon père chemin faisant » ; vʹi: ən i:hə e tʹαχt nuerʹə vuelʹ ʃe ə dorəs əʃtʹαχ (bhí an oidhche ag teacht nuair a bhuail sé an doras isteach) « la nuit tombait lorsqu’il entra ».

§ 211. Le prétérit III, extensif, exprime un état résultant, à un moment donné du passé, d’un procès antérieur. Aussi est-il souvent traduit par un passé antérieur ou par un plus-que-parfait français : R. C., 49, 427 : nuair a bhí a sháth don bhfeóil ithte aige, do shin sé siar « lorsqu’il eut mangé son content de viande, il s’étendit ». La forme n’exprime pourtant pas par elle-même l’antériorité dans le temps, mais l’aspect résultatif, comme il apparaît dans les cas où un point de repère chronologique permet de faire le départ entre le résultat d’une action et cette action antérieure : nuair a bhíodar ag