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LES FORMES COMPOSÉES DU VERBE ; TEMPS ET ASPECT

ont en train ? » litt. « Qu’est-ce qui est à marcher à eux ? », en face de táim ag siubhal « je suis en train de marcher » ;

2º symétriquement au tour « actif » táim ag baint mhóna « je suis en train d’extraire de la tourbe » on a un tour « passif » tá: mu:nʹ əgɑm ɑ: bʷinʹtʹ (ta móin agam dhá baint) « la tourbe est en train d’être extraite par moi », l’objet affecté par le procès étant ici le sujet du verbe. On dira indifféremment kɑd tɑ:n tu e dʹi:αnəv (Cad tánn tu ag déanamh) « qu’est-ce que tu es en train de faire » ou bien kɑt tɑ: əgɑt ɑ: ji:αnəv (cad tá agat dhá dhéanamh) « qu’est-ce qui est en train d’être fait par toi » ; il est à noter que les jeunes générations préfèrent systématiquement le tour actif, négligeant la distinction de sens que permet l’opposition des deux tours.

§ 206. Le présent III, extensif, formé de l’adjectif verbal, exprime l’état actuel résultant d’un procès antérieur. C’est un véritable verbe d’état. On le trouve aussi bien dans le verbe intransitif que dans le verbe transitif : tɑ:mʹ dœltə (táim dulta) « je suis allé » ; tɑ: ʃe tɑkəhə (tá se tagtha) « il est arrivé » ; tɑ: ʃe litʹə χʷinʹ ən o:lʹ (tá sé luighte cun an óil) « il est porté sur la boisson » ; tɑ: ʃe eirʹəh o sgœlʹ (ta se eirighthe ó scoil) « il est sorti de l’école ». Lorsque le verbe est transitif, le sujet du présent III, objet affecté par le procès, coïncide normalement avec le complément du présent I. C’est en ce sens que l’on a pu parler de la valeur « passive » du présent extensif. Mais, en fait, il y a des cas où l’élément affecté par le procès est l’agent et non l’objet ; le sujet du présent I reste alors sujet du présent III ; ainsi, en face de fuerʹ ʃe bɑ:s (fuair sé bás) « il mourut », tɑ: ʃe fɑχtə bɑ:s (tá sé faghta bás) « il est mort », tour caractéristique du parler, et en accord avec la valeur de ces formes.

La forme extensive peut être accompagnée, comme tout verbe ou locution verbale exprimant un état, comme aussi la forme cursive, d’un complément d’agent, introduit d’ordinaire par la préposition eg (ag) : tɑ:mʹ krɑ:tʹ əgɑt (táim cráidhte agat) « je suis contrarié par toi, de ton fait », comme tɑ:mʹ bɑur əgɑt (táim bodhar agat) « je suis sourd de ton fait », « tu m’assourdis » (et non « tu m’as assourdi »). Lorsque l’agent est un agent naturel il est introduit par la préposition lʹe :