Premiers transports que nul n’oublie !
Premiers aveux, premiers sermens
De deux amans
Sous les étoiles d’Italie ;
Dans cet air chaud et sans zéphirs,
Que l’oranger au loin parfume,
Où se consume
Le rossignol en longs soupirs !
Quel art, dans sa langue choisie,
Rendrait vos célestes appas ?
Premier amour ! n’êtes-vous pas
Plus haut que toute poésie ?
Ou ne seriez vous point, dans notre exil mortel,
Cette poésie elle-même,
Dont Shakespeare lui seul eut le secret suprême
Et qu’il remporta dans le ciel !
Heureux enfans aux cœurs de flamme !
Liés d’amour par le hasard
D’un seul regard ;
Vivant tous deux d’une seule âme !
Cachez-le bien sous l’ombre en fleurs,
Ce feu divin qui vous embrase ;
Si pure extase
Que ses paroles sont des pleurs !